Quand le bien soufflera l’air dans l’Eden, par Joachim Turin
Je viens d’assassiner mon meilleur ami d’une balle dans la tête. Toutes les polices de France et de Navarre me traquent. Quand tout était perdu, j’ai trouvé la force de rebondir, de monter une affaire florissante et de devenir extrêmement riche. Tout ça, malhonnêtement. Retournez-vous, je suis juste derrière vous, le type étrange, tout là-bas, qui vous observe d’un œil malveillant. Méfiez-vous, à l’occasion, je m’approche et je respire dans votre nuque. Je suis votre voisin, votre libraire, votre restaurateur. On me recherche, on me veut. On me poursuit dans tout le pays mais je suis juste là, sur vos talons, à vous regarder et à réfléchir comment m’occuper de votre cas. Je suis funeste, détestable, nocif et toxique et vous allez adorer me détester.
Voilà, l’ensemble du bouquin est aussi grinçant que la présentation ci-dessus.
Un personnage étrange, un assassin, un tueur qui découpe ses victimes et les mange dans un premier temps, les propose sur la carte d’un restaurant dans un second temps.
C’est marrant, je n’ai pas eu peur une seconde, je n’ai pas été tendu par une atmosphère caustique et irrespirable.
Pourtant j’aime autant vous dire que le sang coule, que les victimes sont nombreuses et que leur sort n’est pas enviable.
Mais l’ensemble est tellement entouré de second degré, voire de troisième ou de quatrième que c’est un plaisir de lire le sort de ces malheureux.
Ces meurtres sont tellement entourés d’humour et de bons mots qu’on attend que les futurs découpés tombent entre les griffes de Tonton Edern.
Plus qu’un livre noir ou un thriller, c’est une sorte de Grand Guignol, au sens noble du terme. Avec de l’humour noir, pas toujours de bon goût, souvent décalé, mais qui fait du bien.
Non, Joachim Turin, je ne pense pas que vous aurez un jour le Prix Nobel de littérature comme vous le suggérez dans les dernières pages de ce livre, mais au moins vous aurez cinq étoiles pour m’avoir bien fait rire.
Désolé pour vos victimes si leur sort m’a amusé.
Pour conclure: si vous aimez l’humour noir, grinçant, souvent limite-limite, si le Grand Guignol vous amuse, vous vous délecterez de ce livre. Si par contre vous êtes du genre coincé, à ne pas apprécier le second degré et à ne lire que des romances édulcorées, passez votre chemin !!
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