Murène, par Valentine Goby
Hiver 56, François a 22 ans quand un accident le prive de ses bras. Bien au-delà de l’effroi, ce livre puissant raconte le combat de ce garçon, sa force et ses difficultés pour réintégrer non pas sa vie, mais une autre vie. Jusqu’au jour où, par-delà la vitre d’un aquarium, une murène lui réinvente un avenir et va lui ouvrir les portes d’une aventure singulière : les balbutiements du handisport.
Ou comment les réseaux sociaux peuvent aider à de belles découvertes.
Depuis ma lecture de Kinderzimmer, il y a quelques années, Valentine Goby est dans mes « amis ». Et l’algorithme de Facebook fait que je vois ce qu’elle écrit, régulièrement. Et je suis ses lectures de son livre, dans des piscines, dans des bibliothèques, à des assemblées assez nombreuses et dans toute la France. Alors, quand j’ai découvert ce titre, en numérique, dans le fonds de la bibliothèque de Caen, je n’ai pas hésité une seconde.
Et j’ai bien fait.
Non, je ne l’ai pas dévoré, c’eût été trop facile. Je l’ai dégusté, je l’ai lu lentement, au rythme de François. Même si j’ai été un peu frileux au début. Ces longues phrases qui n’en finissent pas, ces descriptions interminables, ces énumérations longues et détaillées m’ont un peu déstabilisé, c’est vrai, et je l’ai dit à mon « amie » Valentine. Et j’ai continué ma lecture.
Et j’ai bien fait.
Imaginer ce qu’on peut faire sans bras, ou plutôt ce qu’on ne peut plus faire. Mon Dieu. A vingt-deux ans. Essayez d’imaginer votre vie sans bras. Et Valentine nous le décrit bien. Dans les moindres détails, presque crûment. Il y en a presque une page.
Et on suit François, depuis la découverte de son corps à l’hôpital, jusqu’à la fin du roman que je ne dévoilerai pas évidemment.
Et on suit sa vie, ses espoirs, ses désespoirs, on vit sa vie à travers sa sœur, sa mère, son père, Joao, Maria, Nadine… Je me suis noyé dans ces sentiments. Tantôt clairs, tantôt sombres…
Noyé, c’est étonnant pour quelqu’un qui va se comparer à une murène et se jeter dans le grand bain de la vie. C’est là que tout bascule. C’est là que la vie d’un handicapé va devenir un combat, une lutte. Pas une lutte pour gagner la médaille d’or, non. La lutte pour participer à la création du handisport. Du sport pour handicapés (en italique). Et le combat de François est de réussir à faire reconnaître le handisport, non comme une activité destinée à améliorer la santé et le mental des amputés, mais comme un SPORT. Comme pour les autres, les valides.
Et là, j’ai plongé dans un univers que je ne connaissais pas, moi, un « quatre membres » J’ai fait la connaissance d’une belle brochette d’éclopés qui discutent, se battent pour des idées, des idéaux. J’ai tout lu, je n’ai pas raté une page, pas une ligne.
Et j’ai bien fait.
J’ai découvert ce qui ne m’était même pas imaginable. Et je n’ai en rien regretté.
Alors, faites comme moi, lancez-vous à corps perdu dans la lecture de ce livre magnifique. Identifiez-vous à François.
Moi, je l’ai vraiment aimé.
Je l’ai pris à la bibliothèque, je l’ai ouvert, j’ai tourné les pages (même en numérique), j’ai mis des marque-pages, j’ai souligné des passages, je suis revenu en arrière, j’ai relu des longues descriptions que j’avais trouvées ennuyeuses au début. J’ai pris du temps à déguster ce livre.
Et j’ai bien fait.
One Comment
Valentine Goby
Merci pour cette lecture extrêmement enthousiaste. Je suis touchée. Attention, mon roman n’est pas Kindergarten mais Kinderzimmer 🙂
J’espère vous croiser à l’occasion d’une rencontre ?